— « Félicitations, mon cher… » C’est Léa… « Eh bien, comment avez-vous dormi ? » C’est Léa, debout, et qui rit. « Vous sentez-vous un peu mieux ? »
— « Et vous, ma chère amie ? »
Elle se tourne, riant ; je ris ; elle marche dans le salon… Évidemment, elle s’est éveillée tout-à-l’heure, elle m’a vu assoupi, elle s’est brusquement tirée d’auprès de moi… Ne suis-je pas bien ridicule ? que faire ? que pense-t-elle ? je me lève et vais m’asseoir sur le tabouret du piano ; elle regarde, en face de moi, dans la glace ; gaie, elle parle.
— « Vous ne vous êtes donc pas couché hier ? »
— « Il me semble que oui, mademoiselle, et encore que j’ai convenablement dormi. Votre charme, il y a un instant, m’avait hypnotisé… »
— « Nous allons sortir, voulez-vous ? il fait un temps superbe ; nous irons une heure en voiture aux Champs-élysées ; cela vous va ? »
— « Cela me remplit de joie. »
— « Et j’espère que vous ne dormirez pas. »
— « Non ; vous me conterez des histoires. »
— « Parfaitement ; je vous amuserai ; vous me direz le programme. »
— « Ne soyez pas méchante. »
Dieu sait si certains jours elle a besoin pour parler d’être priée.
— « Je vais mettre mon chapeau. »
Elle s’avance de mon côté ; elle sourit, et je vois ses dents blanches ; ses yeux brillent, un peu moites ; ses lèvres sont tout roses, entrefermées, tout roses avec un très petit triangle, où les blanches dents ; oh le bel air mélancolique que vous avez, mademoiselle ; les blanches et rosées fossettes de vos joues ; votre front en une mélancolie gracieuse incliné ; et là vos grands yeux qui me regardent.