Page:Dujardin - Antonia, 1899.djvu/270

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
252
LA LÉGENDE D’ANTONIA

Et sa tête se redresse ; ses bras se lèvent ; autour d’elle elle regarde ; elle reconnaît le jour, le soleil, la montagne ; ses yeux se reportent sur elle-même ; instinctivement, elle arrange ses vêtements, ses cheveux. Elle aperçoit tous ces gens qui l’environnent, les choses, partout, la vie… elle vit, elle vit encore ; et le souvenir maintenant lui revient.


La Mendiante

Pourquoi, pourquoi est-ce que je vis ?…
À la nuit
Pourquoi m’a-t-on ravie ?
Voici le jour, le monde, l’avenir…
Hommes, j’allais mourir…
Pourquoi la vue
M’a-t-elle été rendue ?
À quoi bon cette nouvelle aurore ?
Pourquoi mon cœur vit-il encore ?

2e Bûcheron

Nous t’avons sauvée,
À la mort nous t’avons arrachée.

La Mendiante

Ah !
Vous ne saviez pas
Que c’est moi qui voulus m’en aller là-bas,