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LA FIN D’ANTONIA

Qui du monde ont traversé la flamme ;
Celles que l’amour consuma,
Elles viennent là ;
Elles s’en viennent là,
Celles que la gloire
A laissées dans le désespoir ;
Toutes,
Les âmes de la vie absoutes,
Elles prennent ainsi leur route
Vers le silence et l’isolement,
Vers le renoncement,
Vers l’achèvement…
Et moi je suis ainsi venue ;
J’ai suivi les longues routes de l’inconnu ;
Depuis que j’ai quitté
Le pays enchanté
Où fut ma royauté,
Par les jours et par les nuits,
Dans la misère et le souci,
Vers le sommet lointain
J’ai suivi mon chemin ;
Et la fatigue ne m’a pas lassée,
Et la soif et la faim ne m’ont pas arrêtée,
Et dans mes oreilles l’injure ne s’est pas fixée,
Et la violence a passé,
J’accomplissais ma destinée…

La créature