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LA LÉGENDE D’ANTONIA

À celui-là
Que meurtrissait la hantise d’une image perdue là-bas
J’offrais cette hantise et cette image et j’étais celle-là ;
À celui
Dont le cœur saignait d’âpres soucis
J’étais l’oubli,
Et j’étais le repos
Pour l’aïeul dont l’esprit penchait vers le tombeau,
Et j’avançais
Dans le ciel des plus fatidiques souhaits.
Alors
Voici que tout à coup ont sombré l’or
Et les fleurs et les gemmes et vous, trésors…
Dans mon cœur couronné de gloire
Un soir
Le passé
S’est levé…
Splendeurs funestes, enchantements misérables !
Je restai seule, indigne et lamentable.
… Oui, ô ma conscience, oui, j’ai péché ;
Mais tu sais, ô ma conscience, que j’ai renoncé
Et que je viens vierge de regrets inutiles,
Ô montagne du rêve, à ton asile.

J’ai voulu
Les triomphes absolus…
J’ai expié
Le triomphe qui m’a enivrée…