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LA FIN D’ANTONIA

Et tes paroles font
Que j’entends en mon cœur qu’il est profond
Et qu’il est suave et qu’il est bon.

Elle

Tu vois, enfant !
Le soleil se penche et vers la mer descend,
La vie s’incline et vers la fin s’épand,
Et partout c’est le renoncement.
Il renonce le ciel,
Ce beau soleil
Qui part dans la nuit sans éveil ;
Ils renoncent le jour,
Ces êtres et ces fleurs qui se sont clos en leur amour ;
Tout renonce ;
Et les pieds qui dans les routes s’usèrent aux ronces
Ainsi que ceux qu’ont caressés
Les douceurs des mousses entrelacées,
Tous s’arrêtent,
Et les âmes pour le néant sont prêtes.

Viens ! renonçons, ô mon ami,
Le cours fugitif de la vie !
Le matin et le midi sont choses brèves ;
Soyons heureux, n’est-ce pas, par le rêve ;
Tout est frivole, tout est trompeur de ce que nous sommes,
Mais renoncer est divin, ô jeune homme.