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LA LÉGENDE D’ANTONIA

Lui

Certes… la montagne n’appartient à personne…
Le désert est à tous… nul n’a de droit sur personne.
Mais enfin je croyais
Que peut-être je pourrais
Vers des sites moins arides
Être, ô femme, ton guide…

Elle

Tu sais bien
Que de rien
Je n’ai besoin,

Lui

Femme, de ta volonté sois la maîtresse…
N’aie crainte… je repars… je te laisse…
Mais
J’avais espéré… je voulais…
… Ah ! tes regards ont d’amers reflets,
Ton front est chargé d’ombre,
Ta bouche a des mépris sombres,
Ta voix est dure…
Et cependant un charme étrange, un charme hors nature
S’exalte tout de toi…
Ô femme, permets-moi,
Permets que je reste et te parle et te voie.