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Il s’en est allé tout au là-bas,
Et voyez ! voyez ! il ne revient pas.

Ô trésors
Par qui l’on me disait plus forte que les plus forts,
Richesses
Qui me faisaient toute semblable aux déesses,
Parures funestes, merveilles dont s’enivra ma tête,
Misérables splendeurs, je vous rejette ;
Que votre flot s’écoule !
Vers le néant qu’il roule !
Que votre magnificence à jamais s’écroule !
… Et toi, ô chevalier du rêve,
Tu vois que cette vie de mensonge s’achève,
Et que le jour peut venir du mystère
Qui finira la course que je vais sur la terre.

La nuit belle, la nuit pure, la nuit bienfaitrice,
La nuit que voici m’est propice.
La femme qui régnait hier n’existe plus ;
Celle qui pour quitter ces lieux de splendeurs révolues
Va s’abriter, ô nuit sombre,
Sous le voile de tes plus enveloppantes ombre,
Celle qui fut la courtisane triomphante,
Celle qui fut l’amante,
Celle-là n’est plus rien qu’une pénitente.
Et sous les ténèbres où les chemins s’égarent
Je pars,
Par où les fatalités me mènent,