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Je suis venu trouver à travers le miracle et le vertige,
Celle qui dans l’amour était l’élue
Et qui près de moi marcha vers l’absolu,
Celle dont l’erreur même
fut le martyre d’un inéluctable anathème,
Celle qui muettement repentante
Béatifiait mon dernier souffle en son baiser d’amante,
Celle-là, la pauvre, la simple et la mélancolique,
L’authentique,
Dont nul mensonge n’avait troublé la grâce unique,
La miraculeuse fiancée,
L’épousée,
La bien-aimée,
Je vois son front, je vois ses yeux,
Je vois cet être merveilleux,
Mais, sous la croissante clarté du jour qui ne déçoit pas,
Elle, elle, je ne la vois pas.


Elle

Écoute donc. Et vous,
Clartés du jour funeste, du jour jadis si doux,
Illuminez mon front, mes yeux, mon cœur,
Et que rien ne reste dans l’ombre, et que mon cœur
Se manifeste… Assez de mensonges, assez d’erreurs !

Sache ! depuis les temps de notre amour,
Les pires destins ont eu leur cours.
Ô toi l’amant