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Scène III


Le soir est venu.

Les Voyageurs sont sortis ; les Floramyes se sont retirées sur un côté du théâtre. La Courtisane, seule maintenant, lentement se dirige vers le fond, d’où l’horizon apparaît.


La Courtisane

Oui, c’est le soir… Et ceux-là passent
Par où d’autres ont passé et d’autres suivront leurs traces.
Et moi je reste
À regarder tomber le crépuscule de la nuit céleste ;
Et sans plaisir,
Sans qu’un étonnement m’ait fait tressaillir,
Sans qu’aucun trouble me prenne,
Je les vois passer, eux, eux qui m’appartiennent ;
Et la maîtresse
Soupire dans la solitude qui l’oppresse.
Ô soir puissant, j’ai sous mes pieds
Foulé toutes les pitiés,
J’ai triomphé, je suis forte,