petus une objection pleinement réfutée sans discuter le moins du monde la réfutation.
De tels procédés donnent la mesure de la bonne foi de notre auteur. Que dirons-nous de son bon sens ? Pour prouver que Veau pousse le bateau hâlé contre le courant, il nous fait observer le renflement que forme, en avant de la proue, le liquide refoulé ; comme si tout homme sensé ne voyait pas, dans cette extumescence, un effet manifeste de la résistance opposée par l’eau à la progression du navire !
Laissons nos Albertistes et nos Thomistes de Cologne ; ce sont esprits routiniers qui s’aveuglent volontairement, de peur qu’aucune lueur de vérité ne vienne gêner leur Péripatétisme stupide ; pour de telles gens, Albert de Bollstœdt et Thomas d’Aquin, qui furent novateurs hardis, n’auraient eu que du mépris.
Si nous exceptons l’Université de Cologne, dont les maîtres s’étaient séparés de bonne heure de la tradition parisienne, les Universités allemandes semblent avoir très fortement subi, même au-delà du xve siècle, l’empreinte des enseignements dont avaient retenti, au xive siècle, les écoles de Paris. C’est, du moins, ce que nous apprend la lecture de tous les ouvrages, écrits par des maîtres allemands, qu’il nous a été donné de consulter. De cette assertion, Gabriel Biel et Conrad Summenhart vont se porter garants pour l’Université de Tubingue, Frédéric Sunczell pour l’Université d’Ingolstadt ; Josse d’Eisenach nous prouvera que la doctrine parisienne n’était pas encore, au début du xvie siècle, entièrement oubliée des maîtres d’Erfurt ; enfin la Margarita philosophica de Grégoire Reisch nous montrera comment des fragments de cette doctrine s’insinuaient jusque dans les livres les plus élémentaires.
C’est seulement en 1477 que Tubingue devînt le siège d’une Université. C’est dans cette jeune Université qu’enseigna
