Page:Duhem - Le Système du Monde, tome V.djvu/117

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
111
LA KABBALE

tèrent le firmament d’en bas qui porte, pour cette raison, le nom de firmament du Ciel. »

« Il y a sept astres[1] qui correspondent aux sept firmaments ; tous font partie du système de notre Monde ; et au-dessus d’eux est le Monde supérieur. Il y a également deux Mondes, le Monde supérieur et le Monde inférieur. Le Monde inférieur est formé sur le modèle du Monde supérieur… Il y a également un Roi d’en haut et un Roi d’en bas. »

« Jéhovah[2] désigne le degré supérieur, tandis que Notre-Seigneur désigne le degré d’en bas, qui est le maître de toute la Terre. »

« Les mêmes lumières[3] qui sont répandues dans le Monde d’en haut sont répandues dans le Monde d’ici-bas, car l’un est l’image de l’autre. »

Les choses qui, dans ce bas Monde, passent pour belles et pures ne sont pas les seules qui aient leurs modèles dans le Monde supérieur ; les êtres immondes d’en bas reflètent, eux aussi, des êtres immondes de l’Univers immatériel ; par cette affirmation, la Kabbale s’oppose à la doctrine de Plotin ou de la Théologie d’Aristote avec laquelle, par ailleurs, elle offre tant de ressemblance.

« De même[4] que, dans l’eau d’ici-bas, il y a de bons poissons ainsi que des mauvais et des grenouilles, de même, dans les eaux d’en haut, il y a un serpent sacré et un serpent impur. »

Ces modèles supérieurs des choses d’ici-bas, comment devons-nous les concevoir ? Ils n’ont rien de matériel ; ce sont des étincelles émanées de la Lueur divine.

« Dans le Paradis d’en haut[5] existent toutes les images des êtres d’en haut et de ceux d’en bas. Ces images ne sont pas gravées sur de l’or ou d’autres corps solides, mais elles sont reproduites par des lumières célestes qui sont l’œuvre du Saint (béni soit-il !) »

« Lorsque le Saint[6] (béni soit-il !) a voulu créer les mondes, il fit sortir un Rayon de lumière cachée ; et ce Rayon répandit immédiatement un nombre incalculable de lumières brillantes ; et c’est ainsi que fut formé le Monde d’en haut. Les lumières brillantes du Monde d’en haut répandirent à leur tour des rayons que

  1. Zohar, I, fol. 34a ; t. I, p. 211.
  2. Zohar, II, fol. 171b ; t. IV, p. 123.
  3. Zohar, I, fol. 147b ; t. II, p. 182.
  4. Zohar, I, fol. 243b ; t. II, p. 562.
  5. Zohar, II, fol. 150a ; t. IV, pp. 69-70.
  6. Zohar, I, fol. 156a ; t. II, p. 214.