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UN VOYAGEUR

vaient les voyageurs étaient quelquefois à peine praticables pour des hommes libres de leurs mouvements. Tantôt on côtoyait le bord escarpé d’un rocher au pied duquel était un abîme ; tantôt on traversait un marécage où le pied s’enfonçait dans la vase ; ailleurs, c’était une côte abrupte qu’on avait à gravir avec la charge sur le dos.

De Montréal au lac Nipissing, c’était au moins trente-six portages qu’on avait à passer ; de là au lac Huron, il y en avait huit

    cour du fort, où tous les gens étaient assemblés. José, en l’apercevant, fut un peu interloqué ; il le fut bien davantage quand il le vit se diriger droit à lui. M. Crevier, sans lui donner le temps de se reconnaître, lui saisit le bras comme avec un étau, et lui enfonce ses doigts dans la chair en lui disant : « José, apaisez-vous. S’il m’était permis à moi de me battre, vous ne jacasseriez pas tant. » Ce fut fini : José, le bras pendant, alla s’asseoir bien tranquillement dans un coin, et le calme fut rétabli.
    Un bon vieux bourgeois du Nord, en racontant plus tard ce fait à Mgr Taché, ajoutait : Bigre ! il était fort M. Crevier.
    Une autre fois, dans un magasin de la compagnie de la baie d’Hudson, un commis voulut essayer les forces de José Paul. Il avait entassé dans un coin un certain nombre de barils de sucre du poids de cent livres, et en avait rempli un de balles de plomb. Le commis pria José de vouloir bien lui