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UN VOYAGEUR

amis, et faisaient bombance ; on aurait dit qu’ils tenaient à dépenser jusqu’à leur dernier sou, et à partir le gousset complètement vide.

La boisson coulait à flots ; le soir il y avait bal. Pendant ces moments-là, chacun racontait une histoire, fausse ou vraie, d’un fait passé dans les pays sauvages. C’était presque toujours du merveilleux. Selon un dicton populaire, les voyageurs n’avaient jamais vu de petits loups, pour dire qu’ils n’avaient vu que des choses extraordinaires.

D’après le tableau qu’ils traçaient, tout le voyage, depuis Lachine jusqu’à la Rivière-Rouge, ne devait être qu’une partie de plaisir, un vrai pique-nique.

La navigation sur les lacs et les rivières, les campements à la belle étoile sur les grèves, les paysages sans cesse renouvelés qui se déroulaient aux regards étonnés du voyageur ; la chasse dans les prairies, cette chasse si abondante qu’un homme tant soit peu adroit se procurait, en moins d’une demi-heure, avec