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DES PAYS D’EN HAUT

tis avaient dédaigné si longtemps l’agriculture, préférant la vie de chasseur à celle de fermier.

Cependant il n’y a rien là d’étonnant. Pour peu qu’on réfléchisse, la chose s’explique bien naturellement.

Les prairies, il y a cinquante ans, étaient couvertes de troupeaux de buffalos. Quelques semaines passées à la poursuite de ces animaux suffisaient pour faire une ample provision de viande, qui, jointe au poisson pris dans les rivières, fournissaient à l’entretien des familles pendant la plus grande partie de l’année. Puis cette chasse était plutôt une excursion de plaisir qu’un voyage de fatigue. Pour les anciens voyageurs et pour les Métis, la vie dans la tente, au milieu des prairies, avait un charme indicible.

Au printemps, dès que la neige était disparue et que l’herbe commençait à tapisser les plaines, ces bandes de chasseurs, armés de leurs fusils et montés sur de fringants coursiers