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UN VOYAGEUR

pémikan d’assez mauvaise qualité. Ils avaient bien de la poudre et des balles ; mais, dans les pays du Nord, le gibier n’est pas commun à la suite d’une tempête. Ils se mirent à la ration, pour prolonger leurs vivres aussi longtemps que possible. Malgré cela, ils ne perdirent pas courage.

Les jeûnes de trois et quatre jours pendant les courses d’hiver étaient des accidents assez communs chez nos voyageurs du Nord. Celui à qui pareille aventure arrivait était aussi fier de la raconter qu’un soldat de montrer ses blessures. Un coureur des bois qui n’avait jamais été exposé à des dangers sérieux, passait pour un homme de peu de valeur. L’orgueil se mêle à tout : un voyageur aimait, dans les réunions, à raconter quelque chose d’émouvant : le simple rôle d’auditeur l’humiliait.

Un soir, ils campèrent à un endroit appelé les Îles-Aubray (on appelle île, dans le Nord-Ouest, une touffe de bois au milieu des prai-