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UN VOYAGEUR

pagnie du Nord-Ouest, pour avoir l’avantage sur sa rivale, envoyait là ses athlètes, chargés de régler à coups de poing toutes les questions en litige.

D’un fort à l’autre on s’épiait jour et nuit, et les serviteurs étaient toujours sur le qui-vive, pour se surprendre mutuellement. Quand les causes de querelles tardaient trop à venir, on s’étudiait à les faire naître. On volait les pièges de chasse, on brisait les attrapes, on coupait les rets dans les lacs, ou bien on y volait le poisson durant la nuit.

Si quelqu’un, au printemps, voulait essayer de cultiver un petit jardin auprès d’un fort, il pouvait être sûr de le voir dévasté dès que les plantes commençaient à croître.

Les simples serviteurs embrassaient la cause de la compagnie à laquelle ils appartenaient, avec autant d’ardeur que les chefs eux-mêmes. Ceux surtout qui étaient au service du Nord-Ouest se distinguaient par leur audace et leur brutalité. Cette compagnie