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VERS LES SOMMETS

Maintenant le rossignol roule ses notes gaies, et leur musique m’est douce. Sur les branches des tilleuls et des ormes, les mésanges et les fauvettes trillent, et cela m’enchante. Le vent module sa mélopée sur le clavier des frondaisons, et cette harmonie me berce dans un rêve. Partout phénomènes de beauté, partout allégresse. C’est à Françoise que je dois ce bonheur ! C’est à cause de mon amour pour elle que je subis tant de charme ! C’est à cause de sa pensée, de son image, du souvenir de ses phrases, de ses gestes, de sa mimique que la vie m’est un rêve !

Je ne voyais pas aussi beau autour de moi, parce que je ne regardais pas. Et je ne regardais pas, parce que je ne vivais pas intérieurement par le cœur. J’ai donc trouvé tout ce qui satisfait pleinement l’âme. J’ai rencontré un cœur qui s’est fusionné avec le mien d’une façon complète au cours de cette soirée tiède, alors que nous échangions notre baiser de fiançailles officieuses !

Je le redis, un voile opaque me cachait la nature. À présent, elle étale devant moi ses beautés. Le ciel, mer de saphir et d’émeraude, ondule mollement au-dessus de la cime des arbres verdoyant les coteaux et qui jouent comme de menues fougères au vent. À l’horizon bleu pâle du couchant, au-