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VERS LES SOMMETS

Mais il avait quelquefois des perplexités au sujet du nouveau-né. Il se surprenait en flagrant délit de scepticisme ! Son cher fils ne serait rien !

— S’il fallait, disait-il à ses amis, qu’il ne fût qu’ordinaire, qu’une bonne fée ne lui eût rien décerné à sa naissance, qu’il ne brillât d’aucun lustre, ah ! que je serais déçu et misérable ! On ne sait jamais : un stupide accident, un manque de milieu propice à sa culture, une absence de puissants dons naturels peut anéantir mes plus ardents espoirs. Moi-même, je peux partir avant de pouvoir admirer mon œuvre !

— Nous le veillerons et surveillerons, sa mère et moi, ajoutait-il. Jusqu’à l’âge de six ans, il n’aura pas d’autres éducateurs que nous deux. Seule une bonne de tout premier choix sera notre collaboratrice. Et au temps de sa scolarité, un bulletin nous renseignera chaque jour sur sa conduite, son travail et ses succès.

Les jours, les semaines, les mois passèrent ; les années aussi. À cinq ans, une Sœur qui était en visite chez le notaire, ayant été frappée de tant de précocité chez le bambin, avait dit aux parents :

— Je vous conseille de l’envoyer au couvent dès septembre prochain.