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VERS LES SOMMETS

Jules et Mlle Françoise causent au salon depuis une couple d’heures. Ils en sont à leur cinquième rencontre. Le renouveau palpite, bondit, enivre. Du fleuve arrivent des odeurs d’iode et d’herbes marines. Les frondaisons, « symphonie en vert », exhalent de multiples arômes de résine et de fleurs naissantes. Ce jour-là, jour qui devait marquer d’un caillou blanc un évènement inoubliable, Mlle Clément avait dit, à l’arrivée de son bien-aimé, un sourire lumineux comme un rayon de soleil éclairant son beau visage de « grande demoiselle » :

— Mon Dieu ! que c’est gentil à vous d’être venu ce soir, monsieur Jules !

— J’avais vraiment besoin d’un cordial, Mademoiselle. Les affaires, le monde intéressé, l’isolement, tout cela déprime.

Une rougeur fugitive colora les joues de la jeune fille. Elle répondit aussitôt :

— Moi qui me pensais la seule dans cet état d’abattement. Et cette pensée me rendait mon sort encore pire !

— Tout cela, Mademoiselle, pour me marquer que votre cœur va mal, lui aussi ? Serais-je indis-