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VERS LES SOMMETS

Après une pause, il continua, le regard profond comme les océans qu’il avait parcourus :

— Voyez-vous, mes enfants, j’aimais trop la mer pour lui tourner le dos. Elle a frissonné dans ma chair et mon sang pendant un demi-siècle. Ses calmes si doux, ses colères tragiquement belles, la symphonie de ses bruits et de ses couleurs, tout me bouleversait suavement l’âme. Elle aussi a une âme, la mer ! Une vie pleine, mouvementée, semblable à la nôtre.

— En plus d’être éloquent, vous êtes poète, monsieur Clément, fit la mère de Françoise. Que de souvenirs vous possédez ! Que de prenantes visions incrustées dans tout votre être !

— En effet, fit-il, je me souviendrai toujours des heures de félicité que je passais à la regarder en pleine face, à scruter les secrets de son âme fluide.

— Dites-nous quelques-unes des impressions de vos tête-à-tête avec elle, prièrent les autres membres de la famille.

— Non, pas aujourd’hui, mes enfants. Le héros de Françoise nous a tenus en haleine trop longtemps. Je suis fatigué. Du reste, ce serait des