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VERS LES SOMMETS

transcendance, il lui sera possible de remplir le rôle prépondérant que tu en espères. Il y a si loin de l’humble maisonnette, où beaucoup sont appelés, au Capitole, où peu sont élus. Notre pauvre siècle est si bruyant et encombré. Puis il y a tant d’égoïsme dans le cœur des hommes, tant d’intérêts personnels chez eux, que les belles initiatives viennent s’y briser comme les lames de la mer sur un rocher inébranlable.

M. Clément se promenait de long en large dans le salon. Il continua, véhément :

— Si sa parole est d’or, lui sera-t-il possible de la faire entendre ? Le monde ne manque pas de beaux parleurs. Si ses idées sont neuves, excellentes, deviendront-elles des directives ? Il y a tant de voix qui sollicitent et qu’on n’écoute pas. La démocratie nous a façonné une mentalité de frondeurs. Nous ne souffrons aucune sujétion. Tout chef nous répugne. Nous abhorrons les Mussolinis. La dictature ne peut avoir de prise chez nous. Si un beau matin, nous nous réveillions sous la main de fer d’un dictateur, nous préférerions mille fois l’exil. Nous voulons avoir voix au chapitre. Nous n’aimons pas que quelqu’un nous morigène. Je ne dis pas ce que nous ferions si tout à coup surgissait un Napoléon I. Oui, si quelque nouveau