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VERS LES SOMMETS

moi encore ta rencontre avec tes partisans, à Saint-Étienne, à la suite immédiate de ton évasion. Sais-tu que tu ne m’as parlé de tout cela que par bribes ? Et nous avions tant à nous occuper de notre futur bonheur ! De notre bonheur présent, qui est sans mélange, n’est-ce pas ?

— C’est vrai, Françoise, vrai pour notre bonheur et pour ce que tu viens de dire touchant cette bizarre aventure. Je ne voulais plus repenser à cette sotte affaire. Oui, j’ai été pendant longtemps incapable d’évoquer par des mots ce fait stupide, tant l’écœurement et l’indignation m’envahissaient l’âme. Aujourd’hui ce souvenir me laisse indifférent. Si tu crois trouver quelque intérêt au récit de la bassesse dont mes adversaires se rendirent coupables, c’est bien volontiers que j’accepte de te le faire. Je vais abréger, toutefois, car il est plus de onze heures.

Ayant allumé une cigarette, il commença :

— Comme tu t’en souviens, Françoise, j’avais les mains déliées quand on me jeta dans la cabane vermoulue. Aussi pus-je facilement enlever le bandeau qui me couvrait la moitié du visage. Il faisait très noir d’abord dans cette bicoque. Une petite vitre maculée au centre de la porte filtrait mal