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VERS LES SOMMETS

les suffrages. L’un s’appelait Jules LeBrun, l’homme de tout un peuple, l’autre, Paul Maltais, créature suscitée par quatre personnes qui s’étaient juré, en le choisissant, de recourir, s’il le fallait, aux moyens les plus malhonnêtes pour lui permettre de battre son redoutable adversaire.

Le matin de la veille de ce jour, ces quatre personnes, ces quatre chefs abhorrés de tous à présent, avaient tenu caucus secret à Saint-Paul-du-Gouffre. Les rapports de la lutte les consternaient. La fièvre leur brûlait le sang. Ils déliraient.

— Vous rendez-vous compte, disait d’une voix brisée, Ledoux, à ses compagnons qui semblaient désemparés, vous rendez-vous compte de notre situation, si LeBrun remporte la victoire ? Vous êtes-vous demandé ce qu’il nous adviendrait au lendemain de son triomphe ? Savez-vous qu’il nous perdrait tous les quatre ? Avez-vous oublié qu’il a crié sur tous les toits qu’il ferait tenir une enquête sur certains privilèges qu’il nous accuse d’avoir obtenus en abondance, sur de multiples faveurs dont nous vivons grassement, prétend-il ? Mettez-vous bien dans la tête qu’il nous insultera, qu’il s’attaquera à notre réputation, qu’il nous traînera dans la boue. Vous ne semblez pas attacher une grande importance à