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XIV

Au chef-lieu de la circonscription Olier-Lalemant, le tocsin avait sonné le solennel ralliement politique : le décisif « appel nominal ». À deux heures précises de l’après-midi de ce jour baigné de lumière blonde, les deux candidats essoufflés, fourbus, devaient faire leurs « dépôts » sous peine, aux termes de la loi, de se voir exclus de la lutte. C’est toujours ainsi en l’occurrence. Partout cette formalité est absolument requise.

Il était déjà une heure. Une foule joyeuse et confiante se massait devant la façade de l’Hôtel de Ville, grande place qui pouvait contenir plus de cinq mille personnes. Au milieu des flots de cette mer houleuse, des cabaleurs circulaient, le chapeau en bataille, l’air hargneux, les regards terribles. Ils se démenaient, comme des pompiers en présence d’un incendie menaçant. On les aurait vraiment crus piqués par des guêpes, tant ils grimaçaient et s’agitaient.

Cette extraordinaire sollicitude de leur part s’expliquait : deux candidats brigueraient officiellement