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VERS LES SOMMETS

gurer sur le tableau d’honneur cette circonscription grande comme une province.

Il connaissait donc ce petit pays, comme une ménagère, les différentes pièces de sa maison. Il en avait exploré toutes les paroisses, fréquenté plusieurs fois les lieux où le gibier et le poisson abondent, les montagnes escarpées qui miroitent au soleil. Le sport de la pêche et de la chasse le hantait. Que d’excursions il avait faites sur cet immense territoire. Il l’avait traversé en long et en large, en voiture remorquée par un cheval, à pied, en automobile, en traîneaux tirés par des chiens, en raquettes, etc. Il l’avait parcouru en été, quand, le matin, les fils de la Vierge drapent d’argent les champs baignés de rosée, qu’une buée d’or à peine visible s’en élève, comme une prière fervente, que les premières flammes de l’aurore incendient les paysages. Il l’avait contemplé le soir lorsque le silence se fait, lorsque la nature, s’apprêtant au repos, se revêt de parure plus sombre, lorsque les arbres prennent des formes fantastiques. Il l’avait traversé en automne, alors que les giboulées accrochent des cristaux partout, en hiver, quand les forêts s’écrasent sous la neige, au printemps quand la saison des sucres anime les érablières, quand les torrents débordent leurs lits, etc.