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VERS LES SOMMETS

La vision de tout ce qu’il perdrait si l’autre sortait vainqueur le suffoquait. Des délégués, ses clients de magasin, le regardaient en sourdine, ayant peur que leur visage ne trahît leur trouble ou leur volte-face.

Il leur lançait des regards de feu, cherchant à leur signifier qu’ils séviraient contre eux s’ils manquaient à leur parole.

Le président s’avança sur l’estrade. Silence absolu. D’une voix mal assurée, il proclama LeBrun élu par une majorité de trente voix.

Ce fut un tonnerre d’applaudissements aux quatre coins de la salle. Mais une rumeur de rage montait quelque part, se perdant au milieu des acclamations. Ledoux lançait des imprécations !…

Jules remercia dignement. Il venait de franchir la première étape de son ascension vers les sommets. Les délégués, en présence de l’effervescence populaire, l’avaient choisi par crainte qu’on leur fît un mauvais parti ; mais ils espéraient le faire battre par l’électorat plus tard, le jour du vote. Autrement, tous auraient voté pour l’autre, tant ils appréhendaient les colères de leur chef suprême.