Page:Dufour - Vers les sommets, 1935.djvu/164

Cette page a été validée par deux contributeurs.
162
VERS LES SOMMETS

Boisclair. Elle semblait confuse, nerveuse, mais non irritée. Pendant que son père faisait campagne contre Jules, des remords la rongeaient, malgré sa déception d’amour, déception à laquelle elle ne pouvait croire encore. Voulait-elle racheter les fautes du père ? Se faisait-elle espionne à cause de son amour pour Jules ?

Elle quitta le trottoir et vint à lui bravement. Elle avait l’air d’une personne qui a un message à communiquer, un message important. Les amis et partisans de M. LeBrun la regardèrent avec surprise. À ce moment, un don Juan l’eut enlevée. Elle était vraiment ravissante. Dans l’onde diamantée des rayons du soleil, sa beauté souffrante éclata en gerbe. Telle une figure de Rembrandt, elle exprimait le plaisir de vivre, la joie de conquérir. Ses cheveux d’ébène floconnaient mollement jusque sur le milieu des oreilles, lui découpant un front haut et large, des joues arrondies en forme de poire. Ses yeux, couleur ciel de Venise, frangés de cils soyeux, irradiaient à la fois des regards de feu, de mélancolie, de supplique, de calme et de froideur.

— Jules, dit-elle avec émotion, on a prévenu contre toi tous les délégués, du moins c’est ce que l’on se proposait de faire. Le mot d’ordre a été donné