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VERS LES SOMMETS

que les élections pistonnées par eux seuls leur procuraient depuis longtemps. Il ne pouvait donc terminer l’entretien avec ses amis sans leur montrer l’envers de la médaille. Il avait débuté :

— Je vous remercie de nouveau du ferme appui que vous m’avez donné jusqu’à présent, mes bons amis. Grâce à votre travail et au mien, nous changerons certaines traditions politiques défectueuses. J’espère qu’avant longtemps nos mœurs modernes s’harmoniseront avec la démocratie telle qu’elle doit se vivre ; j’espère que nous rendrons possible à tout candidat sérieux de se faire élire par le peuple sans qu’il soit obligé de passer par les compromettantes Fourches Caudines de quelques chefs. Voilà une pénible obligation, une humiliante initiation qui ferme la porte de la vie publique à l’élite de notre population.

— J’avais pensé, avait-il ajouté tout d’une haleine, le visage devenu sombre, qu’à l’instar de votre candidat actuel, le candidat de nos centaines d’alliés, vous n’auriez pas voulu risquer perdre la moindre parcelle de libération électorale que nos initiatives nouvelles nous avaient values, et vous auriez tenu ferme à délivrer le comté de ces vénales créatures que vous connaissez trop bien, de ces dirigeants irréguliers qui font de nos honnêtes électeurs des moutons de Panurge.