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VERS LES SOMMETS

Mais elle lui créait une difficulté : il lui fallait une réponse. Ce n’est pas facile de répliquer à une déclaration d’amour, fut-elle mitigée, comme cette dernière, par une déclaration de froideur. Il hésita longtemps devant l’alternative d’écrire une lettre ou de faire une visite. Vraiment, il prisait la famille Boisclair. Son influence politique était considérable, ce qui valait quelque chose en l’occurrence. Il ne voulait aucunement se brouiller avec elle. D’un autre côté, il lui en coûtait de la rencontrer à cause de la déception qu’il susciterait chez Élise en lui disant la vérité qu’elle réclamerait, puis à cause des explications à donner à M. Boisclair sur ses desseins politiques… Enfin il se décida à écrire. Cependant un bon quart d’heure s’écoula avant qu’il pût trouver la forme convenant à sa pensée, tant il était inhabile dans le genre épistolaire. Soixante minutes après, sa plume avait produit ce qui suit :


Élise,

La lecture de ta lettre a fait tour à tour naître en moi la surprise, le chagrin et la pensée de t’adresser quelques reproches. La surprise, parce que j’étais loin de m’attendre de te voir arriver sous la forme d’une missive. Le chagrin, parce que tu m’exposes une pénible situation que j’igno-