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VERS LES SOMMETS

que ces dernières sauveraient sa cause :
Cher Jules,

Depuis que tu tiens bureau à Saint-Loup-les-Bains, nous ne te voyons plus. Quel grand dommage !… Ne ris pas. Voudrais-tu nous faire croire que l’exercice de ta profession absorberait tous tes instants ? Quelque habile avocat que tu sois, si tu n’apportes que cet argument, tu perdras ta cause devant nous. Toi, Jules, qui ne manquais jamais de nous faire visite, au moins une fois la semaine ! Nous nous perdons en conjectures ! Nous ne savons plus à qui ou à quoi attribuer ce silence désespérant. Je te demande de chercher à imaginer mon angoisse, notre angoisse à tous, car enfin tu nous avais habitués à bien mieux. Depuis ta sortie des écoles, je ne me rappelle pas avoir été privée du plaisir de ta visite plus d’une semaine à la fois.

Tu sais que la femme est douée du don de pressentiment et qu’elle possède un sixième sens : celui de la divination. Ne te moques pas de cette double assertion. Tu aurais certainement tort de n’y pas croire ou de n’y trouver que matière à boutade. Il ne reste pas moins vrai que tu nous oublies ou que tu nous abandonnes. Serait-ce la dernière