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VERS LES SOMMETS

— Merci, Jules, fit-elle, en extase. Voilà du romantisme sincère. Je l’aime parce qu’il est un peu mon enfant.

Puis, revenue à la réalité, elle dit :

— Cependant, je crois que l’amour de la femme diffère un peu de celui de l’homme. Je me rappelle avoir lu quelque part à peu près ceci :

« La femme aime mieux et plus persévéramment, parce que son amour est puissant, passif et sait se ménager. L’homme aime plus fort, mais son amour ne peut résister à tant de force, car il est actif et prodigue. La femme, elle, ajoute à son amour ce qu’elle a de rêve, d’imagination, de poésie, d’idéal ; tandis que l’homme, y lisait-on toujours, mêle au sien un peu trop d’intérêt personnel et d’égoïsme. Cela, Jules, je ne le crois pas. La femme peut éprouver un profond sentiment d’amour, le faire partager un instant, l’intensifier et le conserver à jamais. L’homme est capable de recevoir le coup de foudre, de prendre feu et flamme, mais son cœur est presque toujours victime de trop d’embrasement ! »

— C’est généralement vrai, Françoise. À ce compte, je suis femme. Cela veut donc dire que nos deux amours sont identiques et ne périront jamais.