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VERS LES SOMMETS

— Une âme ardente comme la mienne qui l’est devenue par toi ne contient plus que des pensées et des sentiments qui la font vivre en beauté. Pour elle maintenant, le nuage qui drape le ciel est une décoration de dentelles, la pluie, une caresse, le vent, les oiseaux, les fleurs sont des vibrations musicales lumineuses, un paysage est un coin enchanté, le soleil est l’essence de la lumière et de la chaleur éclairant l’esprit et réchauffant le cœur. Je me range parmi ceux que la vie amuse et qui en abusent. Je veux dire parmi ceux qui ouvrent les yeux pour voir, les oreilles pour entendre l’admirable concert des êtres, leur intelligence pour comprendre l’impénétrable et leur sensibilité pour goûter au doux festin ! Parfois ma ferveur intellectuelle et littéraire est tellement intense, que ma dévotion pour les grands hommes, les grandes choses me tient presque à genoux !

— Parfois, même souvent, continue-t-il, une piété sentimentale me plonge dans un océan d’ivresse. Si quelque mélancolie me touche de son aile noire, alors, semblable à un rayon solaire perçant la brume, ta silhouette se dessine et se dresse en belle statue vivante. Dans le buisson de mon âme, s’élève, combien doux, le chant d’une cantilène qui l’enivre !