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VERS LES SOMMETS

leur chant d’amour. Un demi-siècle d’existence n’a pas réussi à éteindre en moi cette mystérieuse cantate de mon printemps disparu à jamais.

Mme Clément, si elle se réjouissait de l’acceptation de Jules, ne craignait pas moins de voir se tisser contre lui un réseau d’intrigues. Aussi crut-elle bon de lui exprimer ses doutes :

— Monsieur Jules, je désire si vivement votre élection, qu’un sentiment de perplexité m’étreint quelquefois. Il y a si peu à se fier à notre pauvre monde ! Je me souviendrai toujours de la lutte qui fut faite, il y a dix ans, par un Monsieur Larivière, dont les chefs ne voulaient pas à cause de son honnêteté proverbiale. Malgré les rudes combats qu’il livra, au jour du scrutin il ne compta pas même assez de votes pour pouvoir recouvrer son dépôt.

— Il me semble, mère, remarqua Simone, que le cas de M. LeBrun diffère beaucoup de celui auquel vous faites allusion. Ce bonhomme-là ne jouissait d’aucune popularité avant sa sortie de l’ombre. De plus, il n’était doué que d’un savoir rudimentaire…

Louis, le jeune frère, vint mettre son mot en taquinant :