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VERS LES SOMMETS

des disciples de Thémis que hante le rêve de la magistrature, il y a une grande possibilité de devenir juges.

— Permettez-moi de vous dire, monsieur Jules, que la plupart des partisans qui vous feront cortège sont des hommes qui ont soif et faim, soif de l’eau miraculeuse qui coule de la Colline, faim du gâteau doré que fabriquent les pâtissières du Patronage. Les uns se recruteront parmi ceux que des chefs ont éconduits ; les autres, chez ceux qui se rangent toujours du côté du plus fort. Ceux-ci viendront à vous par rancune d’un autre ; ceux-là feront du zèle pour en retirer quelque faveur.

— Vous verrez, continua-t-il, que le plus fort mobile du dévouement est l’intérêt personnel. Supprimez ce mobile. Il ne restera que dix justes autour de vous. Mais, c’est la vie, c’est cette vie-là. D’autres que vous, d’autres bien moins doués, sont arrivés avec de tels hommes, de tels éléments. Vous arriverez. Je le crois sincèrement. Je me réjouirais qu’une personne de votre savoir et de votre beau talent devînt député. Car, je le répète, votre place est au sein de la législature, au conseil des ministres. Maintenant, je vous quitte. Un vieillard ne serait plus sage s’il empêchait deux jeunes cœurs comme les vôtres de faire entendre