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VERS LES SOMMETS

sais, ce que je peux tu le pourras. Ce qu’il me serait impossible de faire seul, tu me rendras capable de l’accomplir. Tu seras mon associée, ma collaboratrice, mon égale. C’est ce que tout homme est en droit d’attendre de celle sur la tête de laquelle il a posé la couronne de reine, n’est-ce pas, Françoise ?

— Penses-tu, mon bien cher, que je ne dépenserais pas toute mon énergie à te pousser au poste éminent auquel il faut que tu atteignes pour le plus grand bien de notre province, de notre pays ? Penses-tu que je n’emploierais pas toutes mes minutes, une fois ta haute situation faite, à seconder tes efforts, à vivre avec toi sur la ligne du feu ?

Pendant que le couple causait ainsi à mi-voix, les autres membres de la famille s’étaient mis à bavarder bruyamment. M. Clément entra. Il venait s’enquérir de la décision de Jules. Il avait hâte de la connaître. Depuis quinze jours que cette réponse faisait l’objet de ses plus sérieuses réflexions. La question politique évoquait chez lui d’agréables réminiscences. Il se revoyait à l’âge de cinquante ans, âge où vivent bien des rêves, âge qui est encore, sinon la fleur de l’âge, l’âge des fleurs. Il revoyait les jours où ses concitoyens le sollicitaient de quitter la mer — sa mère — pour