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VERS LES SOMMETS

plet. Mais le manipulage des documents au dossier n’attire plus Jules. Il s’est rassis et il songe, les yeux fermés. Il voit aller par le comté les hommes qui sont venus lui dire leur foi en lui… Il lit le journal qui raconte ses velléités politiques… Il entend la voix de ses amis qui le félicitent… Il assiste à la convention… Les applaudissements soulignent le choix qu’on vient de faire de sa personne… Il prononce son discours-programme… La lutte d’un mois montre son hideux visage… L’appel nominal et les trois mille électeurs en face de l’estrade, le résultat du vote, huit jours après… Enfin le triomphe… Il se voit jouer dignement le rôle de député… Ses initiatives de législateur, de réformateur… Il rêve qu’il est dans le gouvernement, qu’il en est le chef… Tout est possible !…

Comme sa participation éventuelle à la politique active le hantait depuis longtemps, il avait envisagé cette question sous tous ses angles. Il y avait donc plusieurs années déjà qu’il s’était décidé à embrasser la redoutable carrière. Ce qui l’intriguait un peu, c’était de trouver le moment psychologique d’y entrer, la manière de s’y prendre pour s’assurer le triomphe final.

D’une part, il n’ignorait pas que les grands maîtres de la politique de sa région n’admettraient pas