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capital qui ne rend pas 20 ou 25 % est considéré comme pauvrement employé. » (Loria, Analisi della propr. capit., I, p. 560).

Le danger de ces grandes accumulations de capitaux mettant entre les mains de quelques hommes quelquefois le sort de tout un pays, vient d’être clairement signalé par M. Max, le 3 octobre 1905[1], à la suite des récentes catastrophes financières, « Un fait d’ordre purement financier, dit-il, suffit à produire le plus dangereux ébranlement dans un édifice qu’on pouvait croire invulnérable. En réalité, plus grandit la puissance des établissements de crédit, plus précaire est leur destinée. Plus que n’importe quelle organisation humaine, ils restent soumis à la loi du développement, de l’apogée et de la chute. En histoire comme en finance, les grands organismes renferment un germe de mort parce que leur développement même constitue leur faiblesse… Mais ce n’est pas là le seul danger que courent les grands établissements. Nous en avons trois, en France, qui ont à peu près monopolisé ressources entières du pays. Nulle part la manie de centralisation qui est dans les mœurs françaises n’a abouti à une organisation économique aussi critiquable. Que voyons-nous à l’étranger, en Angleterre, en Allemagne, aux États-Unis ? Vingt, trente, cinquante banques, toutes riches, puissantes, considérées, ayant la confiance de la clientèle, remplissant le rôle que se sont arrogés chez nous trois seuls grands établissements. Aussi, l’équilibre est-il assuré, dans

  1. Imprimerie Henri Robarge, Paris, Tablettes financières.