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doit, tout d’abord, contribuer aux dépenses de sa propre existence.

Quant au capital existant aujourd’hui, il n’est pas autre chose qu’une accumulation du produit du travail non absorbé par la dépense, c’est-à-dire que, dans leur ensemble, les générations qui nous ont précédés ont mis en réserve 190 milliards sur la somme inconnue produite par leur travail peut-être depuis des siècles. Si, par suite d’une organisation économique très différente de celles qui régissent la société humaine, cette accumulation de revenus était distribuée et attribuée également, chaque Français, dès sa naissance, posséderait ou aurait droit de posséder un quarante millionième de ces 190 milliards, c’est-à-dire environ 4 700 fr., et serait débiteur dans la même proportion, de la dette générale, c’est-à-dire d’environ mille fr. C’est, je crois, à peu près le calcul que font les théoriciens du socialisme et du collectivisme, quand ils rêvent de mettre en commun tout le capital social, et sans doute aussi toute la dette qui y correspond. Mais nous allons voir que la distribution actuelle de ce capital est bien loin de répondre à cette égalité dans le partage ; elle est même d’une inégalité si choquante, qu’un économiste, bon observateur, écrivait dernièrement : «  C’est vraiment pitié que de voir la puissante organisation financière de notre pays concentrée dans 4 ou 5 grandes banques dont le rôle perfide se précise chaque jour davantage et ne vise qu’à un but : réaliser leurs papiers le plus cher possible, au préjudice de la clientèle. Quand donc la masse de celle-ci ouvrira-t-elle les yeux et cessera-t-elle de se laisser duper avec une facilité qui déconcerte !

« Quand on repassera l’histoire financière de notre époque, et que l’on constatera en quelle enfantine