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Cela du moins a le mérite de développer dans toutes les classes sociales l’esprit de prévoyance par un prélèvement dans tout le cours de la vie sur le revenu pour le retrouver à la fin. Cela vaut mieux que les dons de cet État-providence qui ôte à l’homme le souci de sa propre existence et le désir de son indépendance. Ajoutons que pour ce mécanisme de plus de deux millions de rentes viagères, il faudrait une nouvelle armée de fonctionnaires.

Voilà pourquoi je maintiens que la plus saine, la plus juste, la plus morale des législations fiscales consiste à exempter d’impôt tout revenu inférieur à une certaine somme ; ou, si l’on veut atteindre même les petits, qu’on le fasse d’une manière si légère, qu’elle ne serve qu’à leur donner, en quelque sorte, un brevet de citoyen électeur.

Frappons donc le capital et le revenu dans une proportion telle qu’au bas de l’échelle le poids soit supprimé ou insignifiant, et qu’il aille en grossissant à mesure qu’ils augmentent. Faisons en sorte que le travailleur puisse prélever sur son salaire, même et surtout quand il a une famille à élever, de quoi se procurer à lui-même et à laisser aux siens quelques ressources épargnées pendant la période laborieuse de sa vie. Cela vaudra mieux que toutes les combinaisons de la science financière, faisant intervenir l’État, le plus coûteux et le plus despotique des intermédiaires, dans ces questions d’intérêt privé.

Que l’impôt surtout ne vienne pas aggraver les charges déjà trop lourdes de la classe ouvrière. Ce n’est pas là une idée socialiste, comme on le prétend ; il y a des siècles qu’elle est enseignée par le christia-