Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/431

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On objecte : qui fixera cette limite ? mais tout simplement l’intérêt général bien compris, le salut de tous que les anciens déjà formulaient par cette pensée : salus populi suprema lex. Si le législateur dépasse la mesure, le capitaliste disparaîtra ; or, l’intérêt général exige de le conserver et en même temps de limiter son pouvoir absorbant. Le capital est utile, il n’est dangereux que par son excès, il est un élément nécessaire de la société économique, comme le pouvoir est une condition indispensable de la société politique. Bien placer les limites de chacun d’eux, toute la sagesse du législateur est là.

L’intérêt général, dit-on, il est dangereux de l’invoquer. N’est-ce pas en son nom, cependant, que toutes nos lois sont faites, que la liberté individuelle, ce bien précieux, a pourtant ses limites ; que les passions mêmes et les éléments indispensables de la vie, ont aussi des bornes tracées par les lois ; que le droit de propriété considéré partout comme naturel, consacré du reste par toutes les grandes législations a aussi pour limite l’utilité publique, etc.

Cela revient à dire qu’en définitive, si les principes sont absolus, leurs différentes applications sont essentiellement variées et contingentes.

Ceci dit comme observation générale, il nous reste à examiner avec plus d’attention le rôle de l’intérêt, c’est-à-dire de l’usure dans le monde économique, et comment cette question d’importance capitale a été traitée par les différentes législations.

Prises dans leur ensemble, nos législations modernes ont puisé leurs principaux éléments dans la légis-