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juste en matière d’impôt, de considérer les facultés de chacun, plutôt qu’une proportion mathématique, toujours la même pour tous[1]. Évidemment, il ne s’agit pas ici d’établir une sorte d’égalité des fortunes. Il s’agit seulement, si l’on veut éviter à l’avenir de nouvelles secousses, de nouvelles révolutions, de prendre les mesures nécessaires pour assurer à la classe nombreuse des travailleurs, la possibilité d’acquérir, pendant la période active de la vie, la portion de capital nécessaire à son indépendance. Cette préoccupation se manifeste dans tous les essais de lois nouvelles, non seulement sur les impôts, mais sur les retraites ouvrières ou les réformes de procédure et autres.

Avant d’aller plus loin, maintenant que nous connaissons en partie la critique du programme genre Dufay, résumons en quelques mots le programme genre de Resnes. On dit que l’on prend plus de mouches avec du miel qu’avec du vinaigre. Avec sa franchise naturelle, M. de Resnes applique le proverbe à sa façon, en proposant les réformes suivantes : Au peuple, qui se trouve actuellement armé du bulletin de vote, circonstance dont M. de Resnes ne tient pas compte, des coups à tour de bras et des impôts à merci ;

À la bourgeoisie, qui s’est traîtreusement substituée à l’ancienne noblesse, en quoi elle a eu tort, je suis du même avis, de ne pas faire profiter le peuple

  1. Une paysanne, dix ans avant la Révolution, a fait à sa façon une critique de l’impôt proportionnel. Un couvent faisait lever la dîme sur ses récoltes ; puisque vous prenez le 10e de tout ce que j’ai, dit-elle au décimateur, prenez aussi l’un de mes dix enfants. (Saugay, — La Révolution dans le département du Doubs). La même réponse ne pourrait-elle pas être faite à notre fisc décimateur, laïc, moderne ? La mère de dix enfants pourrait même lui offrir deux de ses enfants, puisqu’il prélève deux dîmes et même plus.