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riches commerçants d’Amérique ou même de France, de catholiques et même de banquiers juifs… Discute-t-on cela ? Non, ce sont des faits.

M. de Resnes a parfaitement raison, du reste, de reprocher au tiers-état actuel de s’être, par la Révolution, substitué en partie à la noblesse, sans aucune amélioration du sort du peuple. Nous sommes d’accord sur ce point. Et c’est pour cela que je demande aujourd’hui un système fiscal qui épargne le travail et la petite propriété, en s’adressant davantage à la richesse, et surtout à la grande richesse, en quelque main qu’elle se trouve. En examinant de près la question de l’économie sociale, on est vite convaincu que les facultés contributives de chacun progressent avec le chiffre des revenus, aujourd’hui surtout, que l’inégalité des situations est devenue plus grande que jamais. L’idée que l’impôt proportionnel en chiffres est juste, doit son origine à la plus haute antiquité. On s’y est habitué par tradition. Lorsque les douze tribus juives se sont partagé la Palestine, la tribu de Lévi, consacrée au culte religieux, n’eut pas de terre à cultiver. La loi lui attribua pour sa part un dixième du produit des terres des autres tribus. Le partage s’en était fait en portions égales, le Jubilé hébraïque entretenait cette égalité pendant des siècles. On trouvait tout simple de faire supporter cette dîme en proportion mathématique, qui répondait ainsi aux facultés de chacun. Mais, tout se corrompt avec le temps ; l’usure, malgré la loi protectrice qui l’interdisait, finit par établir déjà chez le peuple juif les différences que nous voyons encore aujourd’hui.

La cause qui avait fait admettre la dîme proportionnelle n’existe donc plus. Il est devenu naturel et