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traire beaucoup versé à cette masse, on peut dire que le raisonnement de M. Dufay se résume en ceci : Le riche est un coupable dont il faut faire un paria. Ses goûts les plus légitimes, les plus élevés, les plus intelligents, sont des crimes. Les monuments, les tableaux, les bibliothèques, les objets d’art rares et curieux dont il repaît ses yeux et son intelligence sont les preuves permanentes de sa culpabilité. Frappons-les. Ainsi l’ordonne Caliban. Caliban n’examine pas ce que rapporte à la masse ce capital entassé sans intérêts pour son propriétaire, ni combien cet argent mobilisé à capital perdu a fait vivre de malheureux et contribué au bien général. Non, la jouissance artistique, même partagée avec ses frères, est un crime. Est-ce que le populaire est artiste ? Non, n’est-ce pas (et encore souvent l’est-il), son plaisir c’est la boisson, la pipe, etc., : son château, le cabaret. Le reste l’offusque. Supprimons-le, ou faisons-le chèrement payer au riche qui en jouit. Discute-t-on cela ? Non.

Cette tirade est assez originale. Ce serait donc entendu : lorsque l’on est assez riche pour s’offrir un ou plusieurs châteaux, des collections de tableaux, de statues, de livres rares, le tout représentant des millions, on ne doit aucun impôt pour cette forme de richesse. L’impôt, c’est bon pour le peuple, dont le luxe se traduit par une pipe, et la distraction par le cabaret, au lieu du londrès et d’une loge à l’Opéra, et des riches collections énumérées plus haut.

Discute-t-on cela ? Non. Non, si l’on ne sent pas soi-même la justice de cet impôt sur la richesse, et l’injustice de l’impôt sur le nécessaire et le travail ;