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bant souvent non seulement le revenu entier, mais la fortune totale des petits propriétaires. Je crois être au contraire en plein dans la question ; si le fisc se croit obligé de prendre le capital entier des petits contribuables contraints de passer par le maquis de la procédure, c’est qu’il n’a pas osé, jusqu’à maintenant, frapper les gros revenus. Si ces derniers payaient dans une proportion un peu plus grande, il ne serait pas nécessaire d’atteindre le capital du pauvre, sous prétexte de le protéger, ce qui est joindre l’hypocrisie à l’injustice.



« M. de Resnes convient que, si on établit l’impôt progressif sur le revenu, aucune espèce de revenu n’y doit échapper. Mais, précisément ce qu’il veut, c’est qu’il n’y ait pas du tout d’impôt progressif sur le revenu. »

Voici une proposition qui va lui paraître paradoxale : c’est que presque tous nos impôts actuels dits proportionnels sont, au contraire progressifs, et que l’impôt progressif serait le seul vraiment proportionnel. C’est ce que je vais essayer de démontrer.

Pierre et Paul possèdent chacun un domaine produisant mille francs de revenu, et paient pour ce domaine, un impôt d’un dixième, soit cent francs, par exemple. Paul n’a pas d’autre revenu ; son impôt égale donc le dixième de son revenu. Pierre, au contraire, outre son petit domaine, possède un revenu de mille francs en rentes sur l’État ; une petite fonction d’employé lui rapporte encore mille francs ; il a donc, en réalité, trois mille francs de revenu, et il ne paie toujours que cent francs d’impôt, soit 3.33 % de