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Resnes, malgré toute la sympathie que j’ai pour sa personne. Je suis même certain qu’il éprouverait le même sentiment s’il avait bien réfléchi que tout ce qui constitue la vie si facile du riche, du rentier, du capitaliste, ne provient pas d’un Dieu qui lui fait ces loisirs, mais du travail de la société tout entière ; enfin, qu’il est juste de rendre à la communauté, sous forme d’impôts, une partie plus importante du produit général, à mesure que s’élève la portion du produit dont on jouit, sans l’avoir acquise par un travail personnel.

Comme M. de Resnes, j’ai toujours déploré les actes de violence et de sauvagerie de la Révolution ; sans les excuser, on peut les expliquer. Ils auraient été sans doute évités si les abus avaient été supprimés plus tôt. L’accumulation des injustices avait réuni une telle somme de matières incendiaires, que l’explosion s’en est suivie. Les reproches faits ici à la bourgeoisie par M. de Resnes sont en partie fondés ; nul doute que les abus actuels ne puissent amener, à leur tour, une nouvelle révolution si, au lieu de les corriger avec intelligence et prévoyance, on les laisse encore s’aggraver.



S’il y a jamais eu, dit M. de Resnes, une justice dans les événements humains, on la verra luire ce jour-là. Mais qu’on ne s’y trompe pas, la crise sera horrible, et les rêveurs, genre Dufay, font tout pour la préparer. Loin, comme ils le croient, en leur esprit nuageux, de lui préparer des soupapes, ils fournissent des arguments à ceux dont le but est de la faire éclater. Jamais la