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pour rendre le travail plus profitable à celui qui le fait. Et c’est précisément parce que les grosses fortunes sont plutôt rares qu’il est plus nécessaire de lutter contre leur influence qui donne à quelques-uns seulement une puissance financière dangereuse. Que ce soit actuellement le système juif, comme le dit M. de Resnes, qui draine au profit de quelques-uns les capitaux du pays, cela n’est pas douteux ; seulement la potence et les galères qu’il conseille sont peut-être difficiles et dangereuses à appliquer ; et elles finiraient probablement par atteindre ceux qui les proposent. Il ne faut rien exagérer ; je n’ai jamais dit que les seuls riches doivent payer, et personne ne l’a dit ; un système raisonnable basé sur la progression de l’impôt ne détruira jamais les grandes fortunes ; il leur donnera une limite salutaire, en permettant à un plus grand nombre de travailleurs d’arriver à l’aisance, et supprimera le danger que fait courir au pays tout entier l’accumulation de la richesse en quelques mains ; il ne s’agit pas d’arriver à une égalité brutale et chimérique de toutes les fortunes, mais de lutter, dans la mesure du possible, contre l’extrême inégalité que comporte, du reste, la nature. Si l’égalité devant la loi est un fait qui parait acquis, l’égalité respective d’homme à homme n’existera jamais, mais il est du devoir des plus forts et des plus intelligents de ne pas abuser de leur supériorité vis-à-vis des moins bien partagés.

S’il y a de mauvais riches, dit M. de Resnes, que prouve cela en faveur de l’impôt sur le revenu ? Ce sont là des arguments de sentiment et qui ne résistent pas à l’examen.