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français et de le convertir en un vaste terrain de chasse, après en avoir chassé tous les habitants. Qu’on ne crie pas à l’exagération ou à l’invraisemblance[1]. Je demande aux contradicteurs comment ils feraient pour s’y opposer. Ils seront obligés de reconnaître qu’il leur serait absolument impossible de l’empêcher, à moins de modifier nos lois sur l’acquisition de la propriété, ce qui est justement ce que nous prétendons. »

Je n’ai pas vérifié, et pour cause, si les calculs de M. Lapeyre sont exacts. Il suffit de savoir qu’ils peuvent l’être, puisque les simples données de l’arithmétique, prouvent que le fait peut se produire. J’ai proposé à plusieurs la solution du problème et leur ai demandé par quel moyen, par quelle loi ils pourraient empêcher l’absorption de la fortune de tout un peuple, par un seul individu. Les uns répondent : il faut faire une loi spéciale pour ces cas exceptionnels ; d’autres disent il faut chasser ces spéculateurs, ce qui est possible, puisqu’on a bien chassé les rois qui représentent, disent-ils, une autre sorte de puissance dangereuse. Enfin d’autres admettent bien la progression d’impôt en l’appliquant seulement aux fortunes acquises, non par un travail utile, mais par le jeu, l’agiotage, la spéculation, l’usure. À cela il n’y a qu’une réponse, c’est que cette distinction est impossible et que le seul moyen pratique est d’atteindre la richesse, quelle que soit son origine, quel que soit son possesseur. Et en réalité, la fortune acquise par des moyens légitimes, honnêtes, et vraiment utiles à

  1. C’est déjà un fait accompli dans certaines régions des environs de Paris.