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défauts actuellement encore signalés dans la situation politique de la France. Tant que les rois ont été les défenseurs et les tuteurs du peuple contre les prétentions inévitables des aristocraties militaires ou financières, ils ont joué leur rôle naturel et ont laissé dans le peuple un souvenir reconnaissant. Lorsqu’ils ont cru devoir s’appuyer au contraire sur ces aristocraties, il est survenu ce phénomène historique, observé dans tous les temps, que les peuples se sont dit : puis que le roi ne nous défend plus, tâchons de nous défendre nous-mêmes. C’est alors que se sont formées ces autres organisations politiques sous le nom de républiques, avec les nombreuses variétés qu’elles comportent, et qui n’arriveront pas non plus à satisfaire facilement les intérêts si variés et souvent si opposés des différentes classes sociales.

Mais restons sur le terrain purement économique. Plus loin M. de Resnes expose le danger de laisser un droit politique entre les mains de ceux qui, suivant lui, ne payeraient plus d’impôt. Je réponds que ma proposition d’impôt sur le revenu ne porte que 817 millions, et que tous les autres impôts, montant à près de 3 milliards, pèseront encore indistinctement sur tous. Du reste, la progression n’atteindra jamais que l’excès dangereux de la richesse ; elle aura pour effet non de niveler les fortunes comme on l’a prétendu, mais de soulager l’extrême misère et de multiplier les petites fortunes, qui sont autour des grandes comme les forts détachés sont autour d’une citadelle.

Au sujet des chapitres relatifs à l’impôt progressif, correctif de l’usure moderne admise en principe, M.