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de l’usure, comment Lamennais a expliqué avec clarté que le droit de propriété qui serait compris ainsi, serait au contraire la négation même du droit de propriété. Il est impossible d’admettre l’usure comme un moyen légitime de s’enrichir. Si on n’arrive pas à limiter l’appropriation de la richesse reposant sur ce moyen, il arrivera fatalement par un effet mathématique que la richesse générale sera concentrée dans quelques mains seulement. C’est même ce danger qui donne un certain crédit au système collectiviste, qui trouve plus naturel de remettre la propriété entre les mains de l’État, c’est-à-dire de tous plutôt que de la laisser à la disposition d’un seul ou de quelques-uns. J’ai suffisamment expliqué que le meilleur moyen d’éviter ces deux dangers est de prendre les mesures fiscales nécessaires pour empêcher les grandes accumulations individuelles de richesse. Autrement l’aristocratie financière qui se forme et qui domine de plus en plus la politique acculera tôt ou tard la nation à une révolution sociale qui renverserait l’État économique comme la révolution politique a bouleversé l’État féodal au XVIIIe siècle.

Puis M. de Resnes propose une restauration monarchique pour résoudre toutes les questions économiques et financières, et pour donner en France, dans la mesure humainement possible, à chacun selon ses besoins et ses droits. Malheureusement l’ancienne monarchie, surtout dans les deux derniers siècles, a laissé dans la masse de la nation un souvenir encore si présent des injustices et des abus qui s’étaient introduits dans le gouvernement, qu’un retour à cet ancien état de choses est absolument improbable, malgré les