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arguments en faveur d’utopiques réformes partielles qui n’en sont que le commencement.

Le nombre des gens très riches en France s’élève à 20.000 pour ceux qui possèdent plus d’un million et à 230.000 environ pour ceux qui possèdent de 100.000 à un million, et ceux-là ensemble représentent plus de la moitié de la fortune totale. Si tous les impôts étaient proportionnels, ces 250.000 citoyens auraient à payer la moitié des dépenses budgétaires. Or il s’en faut de beaucoup qu’ils payent cette moitié, ils n’en payent même pas le 1/4. Cela tient à ce qu’une foule d’impôts (impôts de consommations, timbres, douanes, personnels, portes et fenêtres, etc. etc.) n’ont rien de commun avec la proportion de la fortune, surtout si on ajoute à cette liste les frais de justice qui sont franchement progressifs en sens inverse de la fortune. C’est pour corriger cette véritable injustice que dans toutes les nations civilisées, les lois ont dispensé d’impôt, une part de revenus jugés nécessaires à l’existence, et établi une progression qui n’existe en réalité que sur le chiffre de l’impôt, comparée aux revenus et qui établit au contraire une plus réelle proportion, si on le compare aux facultés de l’individu.

M. de Resnes se montre dans ce passage atteint de cet état d’esprit que l’on pourrait définir par ce mot démophobie ; il voit toujours le peuple prêt à avaler quelques riches. J’ai très rarement constaté ce sentiment et, toutes les fois que j’ai engagé à ce sujet une conversation, je suis arrivé à cette certitude qu’une amélioration, même légère, dans le sort de quelques mécontents, calmerait leur animosité contre les pos-